Le cancer de la prostate est le néoplasme malin le plus répandu chez les hommes. L'avènement du test PSA a permis de poser des diagnostics précoces de la maladie, qui n'était auparavant détectée qu'à des stades avancés.
Le PSA est un test qui permet d'évaluer, la concentration de l'antigène spécifique de la prostate dans le sang, qui est une protéine libérée en grande quantité dans les processus bénins et malins.
La détermination annuelle des valeurs de PSA à partir de 50 ans a toutefois été remise en question en tant que méthode de dépistage de la population.
Les arguments sont solides :
1) une partie importante des diagnostics précoces surviennent chez des hommes atteints de tumeurs à croissance lente, qui n'entraîneraient jamais la mort ;
2) le traitement par chirurgie (prostatectomie) ou radiothérapie est associé à des complications importantes : impuissance sexuelle, incontinence urinaire, réticulite post-irradiation et cystite, entre autres.
Une étude a montré que, dans le cas d'une prostatectomie, il est nécessaire d'opérer 72 patients pour éviter un décès. Par conséquent, 71 des personnes soumises aux risques et aux complications chirurgicales vivraient le même nombre d'années si elles n'étaient pas opérées.
Ces résultats ont servi de base à la stratégie d'observation active, selon laquelle le diagnostic des tumeurs d'agressivité faible ou intermédiaire peut être suivi sans qu'une intervention chirurgicale ou une radiothérapie soit nécessaire.
Pour les clarifier, l'étude ProtecT a été menée au Royaume-Uni. Elle a recruté 1643 hommes âgés de 50 à 69 ans entre 1999 et 2009.
Par lot, ils ont été répartis en trois groupes : observation active (543 hommes), prostatectomie radicale (553) ou radiothérapie (545). L'objectif était d'évaluer la mortalité due à la progression de la maladie, à l'apparition de métastases et à la mortalité due à d'autres causes.
Au cours de cette période de dix ans, seuls 17 décès dus au cancer de la prostate sont survenus, répartis comme suit : huit dans le groupe d'observation, cinq dans le groupe de chirurgie et quatre dans le groupe de radiothérapie. Ces différences ne sont pas statistiquement significatives.
Le nombre de décès dus à d'autres causes n'a pas non plus varié.
Les métastases sont apparues plus fréquemment chez les hommes suivis sans traitement (33 cas), que chez ceux opérés (13 cas) ou irradiés (16 cas).
De même, chez les patients simplement suivis, la progression de la maladie était plus fréquente (112 cas) que chez ceux opérés (46 cas) ou irradiés (46 cas).
Conclusion :
En cas de tumeurs d'agressivité faible ou intermédiaire, la mortalité due au cancer de la prostate est faible, quel que soit le traitement ou en l'absence de traitement.
La prostatectomie radicale et la radiothérapie sont associées à des incidences plus faibles de progression de la maladie et de métastases.
Le traitement du cancer de la prostate doit tenir compte des données individuelles : âge, agressivité de la tumeur, conditions cliniques, possibilité de complications, présence de maladies concomitantes, espérance de vie et préférences individuelles.
Il est clair que de nombreux patients peuvent être suivis pendant plusieurs années consécutives sans recevoir de traitement.